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Dix raisons pour lesquelles l’Union des Comores serait le meilleur état arabe pour les femmes

by Ahmed Ali Amir | Thomson Reuters Foundation
Tuesday, 12 November 2013 00:01 GMT

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    MORONI (Thomson Reuters Foundation) – L’Union des Comores est le meilleur pays arabe pour les femmes, suivi par le Sultanat d’Oman, le Koweït, la Jordanie et le Qatar, d’après un sondage réalisé par les experts en genre de la Thomson Reuters Foundation paru mardi.

    Cette étude a utilisé la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) comme feuille de route pour interroger des experts sur leur perception de la violence basée sur le genre, les droits en matière de reproduction, le traitement des femmes au sein de la famille et leur intégration dans la société, ainsi que les états d’esprit face au rôle de la femme dans la politique et l’économie dans 22 états arabes.

    Les Comores, un archipel de l’Océan Indien producteur d’épices et de parfums, situé entre le Mozambique et Madagascar, a obtenu le meilleur résultat global dans ce sondage basé sur des avis d’experts. Il est arrivé en tête pour les droits en matière de reproduction, le rôle des femmes dans l’économie et leur place dans la famille.

    Plus connu pour son histoire composée d’assassinats, d’invasions de mercenaires ainsi que d’une vingtaine de coup d’états et de tentatives de rébellion depuis son indépendance vis-à-vis de la France en 1975, comment ce minuscule état de 720 000 habitants a-t-il donc pu devenir le meilleur pays arabe pour les femmes ?

    Voici dix raisons possibles :

    1) La constitution comorienne, qui statue que les citoyens tireront des doctrines islamiques des principes et des lois applicables, mentionne aussi l’égalité des droits et des devoirs des citoyens quel que soit leur sexe.

    Toutefois, il est clair que les hommes ont l’avantage en ce qui concerne le droit de la famille qui les autorise, entre autres privilèges, à être polygames et à divorcer unilatéralement de leur femme.

    Le système juridique comorien est un mélange de loi religieuse islamique, du code civil français de 1975 et de droit coutumier. Les différentes juridictions, en particulier celles ayant trait à la vie de famille, ne soutiennent pas toujours les femmes, explique Saminya Bounou, rédactrice en chef du quotidien Al-Watwan.

    2) L’Union des Comores a ratifié sans aucune réserve la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et la Convention relative aux Droits de l’Enfant. Le pays a également ratifié la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

    3) Les terrains et logements sont en général attribués aux femmes en cas de divorce ou de séparation, d’après le Département d’État des Etats-Unis.

    4) Le droit de la famille garantit que les femmes peuvent se marier et rester dans le logement construit pour elles par leurs parents et sur lequel le mari ne peut avoir aucun droit. Le mobilier reste rattaché à ce logement, même s’il a été acheté par le mari.

    5) La moitié des détenus des prisons de Moroni sont incarcérés pour des crimes sexuels, cette proportion indique que l’Union des Comores a renforcé ses lois contre les violences sexuelles.

    « Nous avons reçu plusieurs plaintes venant de femmes dont les enfants sont victimes de violence et de viol, » a déclaré à la Thomson Reuters Foundation un haut responsable travaillant pour un service d’aide aux enfants victimes de violence. « Malheureusement, dans de nombreux cas, la justice n’a pas été rendue… par conséquent, le traumatisme subit par les enfants demeure et les femmes sont déçues par le comportement des hommes. »

    6) Plus d’un tiers des femmes adultes font partie de la population active, comme le montrent les données de l’ONU.

    « Nous avons des droits et je me sens l’égale de mon mari. Il travaille dans l’enseignement et moi dans l’administration », a témoigné Halima Said, 25 ans, qui travaille pour le département des comptes du ministère de l’Intérieur.

    « Nous rapportons tous les deux un salaire à la maison, mais en réalité, c’est moi qui suis responsable, qui règle les factures, achète à manger et paye les frais de scolarité de nos enfants. Je sais quelles sont nos priorités en termes de dépenses. S’il était en charge de cela, mon mari gaspillerait tout avec ses amis. »

    Masséande Chami-Allawi, professeur de littérature et directrice des Relations Internationales à l’Université des Comores, a assuré que les femmes aux Comores avaient une présence forte dans la société et l’économie, par rapport aux femmes dans d’autres pays musulmans.

    « Il est notoire que les femmes ont un rôle en dehors de la sphère politique dans la société comorienne. De fortes traditions matrilinéaires coexistent avec un système patrilinéaire hérité de l’Islam », a-t-elle expliqué.

    7) Dans le précédent gouvernement, des femmes étaient installées aux postes de ministre des Télécommunications et de ministre du Travail. Cela représentait 20 % du total des postes ministériels comoriens, une proportion plus élevée que dans les 21 autres états arabes sondés.

    8) Les femmes commencent à faire leur entrée à des postes haut placés et décisionnels. Le ministère public, les Grands Fonds communs des Comores, la Banque Postale et le ministère du Plan sont tous dirigés par des femmes.

    9) Les femmes aux Comores ne subissent aucune pression pour avoir des garçons plutôt que des filles, selon nos experts en genre. « Aux Comores, la naissance d’un enfant est un heureux événement pour la famille, qu’il s’agisse d’un garçon ou d’une fille », a déclaré une des personnes interrogées.

    10) Le précédent président des Comores était Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, un Islamiste modéré. Lorsqu’il était au pouvoir, il a déclaré à la presse qu’il n’était pas prêt à faire des Comores un état islamique et que les femmes ne seraient pas forcées à porter le voile. Lors des dernières élections présidentielles, il a soutenu son vice-président, Ikililou Dhoinine, qui a remporté la victoire en 2010.

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